Reportage : Alamo, le plus grand Truck Stop de Californie ...

Publié le par herve.rebillon@free.fr

Le plus grand Truck stop de l'Interstate 80 qui relie la cote ouest américaine à Chicago peut accueillir un millier de camions en tout genre. Restaurants, hotel, coiffeur, machines à sous, salles de détente, chapelle, l'Alamo Truck Stop est un lieu de passage obligé pour des centaines de truckers avant la traverser du désert du Nevada. Jack le patron, Gisèle la coiffeuse ou Tony le routier ne font pas que se croiser. Ils se connaissent et forment une grande famille.

photo Hervé Rébillon

Alamo est plus qu'un centre de carburant. On s'y arrête pour une pause qui peut s'éterniser. Et pour cause. Tout est prévu pour recevoir le routier. Ronny plus connu sous le nom de Papito fait équipe avec Antonia, son épouse. 30 ans de vie commune, 30 ans de route. Leur quotidien : rouler sur des centaines de kilomètres entre Chicago, leur « second domicile » et San Francisco. « S'arrêter à Alamo, c'est comme s'arrêter chez des amis. On se connaît tous. Et on aime se retrouver à dates fixes ! » avoue Ronny qui a toujours connu le Stop ouvert. « En 30 ans, j'ai vu une seule fois les lumières éteintes, c'était lors d'une grève générale d'électricité en 1982. Sinon, son enseigne est constamment éclairé. Il y a toujours quelqu'un, même en pleine nuit ! » Une enseigne visible à des dizaines de kilomètres et qui annoncent aux routiers que c'est la fin du désert du Nevada. Alamo se situe dans le nord de l'Etat américain et à une encablure de la Californie.

photo Hervé Rébillon

Pour attirer les routiers, outre les nombreux services, la direction n'a pas hésité à proposer des remises aux couples. Antonia comme toutes les épouses de routiers ne paie que la boisson, le repas est gratuit ! « c'est unique dans toute l'Amérique. Il n'y a qu'ici que vous verrez ça ! » tient à préciser la femme qui, au fil des années, a pris ses habitudes. A raison d'un passage par semaine, Antonia s'est organisée : sur un mois, elle a le temps de faire ses courses, de faire ses lessives, d'entretenir l'intérieur du camion ou encore de s'occuper d'elle en passant chez Gisèle, la coiffeuse. « C'est encore mieux qu'un centre commercial, vous avez tout sous la main et l'ambiance est plus sympathique » ajoute l'épouse qui reste une inconditionnelle comme Ronny du jeu. « Alamo possède son propre casino. Je l'avoue, ici on prévoit un temps d'arrêt plus long. Ça nous arrive même de prolonger de deux à trois heures notre séjour en raison d'un jeu qui s'éternise. On oublie vite que la route nous attend quand on gagne quelques centaines de dollars » se réjouissent les deux époux, pour qui, le Freightliner Classic XL reste leur maison principale.

photo Hervé Rébillon

D'autres, plus jeunes, aiment y venir pour se plonger dans l'ambiance trucker. Tony, 32 ans, fréquente le Truck Stop depuis trois ans. Et c'est avant tout pour son bahut : « je ne fais plus rien sur mon camion. Ici le service est total et nickel. Il vous révise votre camion dans les moindres détails. Ce sont des professionnels, vous repartez tranquilles jusqu'à la prochaine visite » ajoute le jeune trucker qui avoue y rester en moyenne près de trois heures à chaque passage. « on oublie tout, on est sur une autre planète ici ! Tout est conçu pour que vous y restiez. Vous n'avez plus envie d'en repartir » s'amuse à dire Tony qui, au fil du temps, a pris ses habitudes. Quand il débarque à Alamo, après deux journées de route, il ne résiste pas à se mettre les pieds sous la table et à dévorer l'énorme steak de bison de 380 grammes concocté par James, le cuisinier de l'un des 3 restaurants d'Alamo. 

On peut tout faire au Truck Stop. On trouve de tout et à toute heure. La boutique ressemble à s'y méprendre à un supermarché. Dans les rayons, on en oublie presque que l'on est au bord d'une autoroute. Alimentation, habillement, droguerie, pharmacie, rien n'a été oublié pour le client qui n'a pas une minute à perdre. Mais l'objectif est avant tout de retenir le client. On peut se restaurer, jouer et se refaire une petite beauté. Pour se faire couper les cheveux, c'est chez Gisèle, la coiffeuse d'Alamo qui a installé son salon non loin de l'espace douches. Tout le monde la connaît. « Certains viennent de la côte Est pour se faire coiffer. Son coup de ciseaux est unique » aime dire Pablo, un habitué. Gisèle a appris à connaître et à apprécier les truckers au Texas. Elle y a exercé son premier métier, elle était serveuse dans un snack-bar le long d'une highway très fréquentée par les camionneurs. « Ce monde de brutes est finalement gentil. Il faut savoir leur parler. Et puis, vous savez, les routiers n'ont pas besoin de moi mais moi j'ai besoin d'eux » déclare Gisèle qui apporte aussi un peu de réconfort à ces rouleurs qui avalent des milliers de kilomètres chaque semaine. « vous n'imaginez pas. Quand ils ressortent de chez moi, ils ont l'impression d'avoir rajeuni de 10 ans. Je sympathise avec certains. Je suis un peu leur confidente. Je connais leur vie par coeur » ajoute Gisèle qui collectionne les maquettes de camions et les photos de célébrités. 

photos Hervé Rébillon

La superficie d'Alamo Truck Stop devrait augmenter dans quelques mois, pour accueillir encore plus de camions. La famille du « petit village » cher à Ronny devrait elle aussi s'agrandir. Mais Alamo n'a rien à envier à son frère jumeau, El Paso, crée en 1975 au Texas. Alamo a une longueur d'avance avec son casino et les truckers US n'hésitent pas faire un détour pour venir y jouer.

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