chaque semaine, l'édito signé par une personnalité du monde du Transport

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2009, année de tous les dangers

C'est un rituel, à pareille époque, les uns et les autres tentent de tirer un bilan de l'année écoulée. Dans le Transport, 2008 a été chargée à plus d'un titre. Sans faire de jeux de "maux" : on a plutôt "chargé" le Transport au sens propre et au sens figuré. Tout d'abord le Grenelle de l'environnement a souhaité reformuler - non sans peine - le paysage du transport de marchandise en Europe. Quelle prétention et quel vaste projet que de vouloir reporter la route sur d'autres modes alternatifs. Résultat : le Transport hérite au final d'une taxe rebaptisée joliment "éco-redevance"qui arrive au plus mauvais moment : la crise financière. Déjà bien "grippées", les entreprises du secteur vont devoir repenser leur gestion pour les 10 ans à venir. Le poste camion déjà important va de nouveau grossir avec une telle taxe. Avec à l'autre bout de la chaîne, aucune répercussion ou presque pour le consommateur. C'est le Transport Routier qui va encore payer ... Un peu comme dans le bâtiment, on pouvait dire encore hier : "quand les camions sont pleins, l'économie va". Or les camions sont pleins ! et l'économie est au plus mal ... On remplit bien des camions mais sans en payer le coût. Et conséquence : on transporte de plus en plus à pertes. Les petites et moyennes entreprises de Transport, en particulier celles qui avaient une trésorerie souffrante, sont en première ligne de la crise éco-financière et, pour beaucoup, tombent à ne plus se relever. Les chiffres sur les défaillances des transporteurs - même s'ils sont un peu gonflés - sont là pour en témoigner. Pire encore. Comme dans le secteur de l'automobile, les sous-traitants de la production poids lourd ne sont pas épargnés. Pour concevoir un poids lourd, il faut des pneus, des freins, des phares, un moteur et une carrosserie. Or quand la production de camions baisse ou s'arrête, celle de la carrosserie suit le mouvement. Et rien ne va plus. Lamberet et les autres en paient les frais. En Europe, près de 3 millions de personnes travaillent pour le Transport. Toute la main d'oeuvre réunie réalise un chiffre d'affaires de 320 milliards d'euros. C'est toute une filière qui est désormais touchée. Et les plans sociaux ne font que commencer. 2009 ne s'annonce guère mieux. Le poids lourd ne tiendra déjà pas salon, Amsterdam ayant été annulé. De nombreux économistes estiment que le pire est à venir et qu'en 2009, nous atteindrons le haut de la crise. Reste à savoir si les constructeurs de poids lourds prévoient eux aussi le même scénario catastrophe que leurs confrères automobile. Un journaliste français me faisait récemment la remarque suivante : "bientôt nous n'aurons même plus de nouveaux camions à essayer", faisant référence au report par les constructeurs de la sortie de nouveaux modèles pour 2009. Des routes sans camions, inconcevable !