chaque semaine, l'édito signé par une personnalité du monde du Transport

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L'Edito
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Une taxe pour rien ? pas pour l'Etat ...

C'est fait, la taxe poids lourd a été votée, après une heure de débat seulement, dans la nuit de mercredi à jeudi par une poignée de députés, la plupart avait déserté. Ceux-là même qui avaient brandi la taxe comme un moyen de réduire le nombre de camions sur nos routes, préférant laisser leurs collègues voter la dizaine d'amendements. Un, en particulier, aurait du pourtant retenir leur attention, un qui a, pourtant, mis en colère les militants de la taxe, à commencer par les écologistes. Cet amendement prévoit des «aménagements de la taxe» en fonction de l'absence «de mode de transports alternatifs à la route» ou de la situation géographique de telle ou telle région. Pour les verts, c'est une trahison, pour les transporteurs, une aubaine. De plus, devant la levée de boucliers des routiers et de leurs représentants, cette nouvelle taxe «pourra être répercutée par les transporteurs» sur leurs clients, a concédé le gouvernement. Mais nous pouvons nous demander à quel jeu joue réellement dans tout cela Dominique Bussereau, le secrétaire d'Etat au Transport ? Partisan officiellement d'un « accompagnement des transporteurs », Bussereau a voulu cependant rassuré très vite en quelques heures, jeudi dernier, les écologistes par écrit, dans une lettre. Il leur a réaffirmé que la taxe avait bien pour objet de financer les projets d'infrastructures de transport. Le produit de cette taxation sera affecté chaque année à l'Agence de financement des infrastructures de transport de France pour la part du réseau routier national. Certains s'interrogent, comme le laisse penser la FNTR (lors d'une conférence à Technotrans à Nantes), et si la taxe servait à compenser pour l'Etat le manque à gagner depuis la privatisation des autoroutes ? Les dividendes des concessions autoroutières tombant désormais dans les poches de Vinci et Eiffage. La taxe tombe à pic. J'oubliais, la Bretagne dans tout ça, elle qui ne bénéfice pas d'autoroutes et qui crie haut et fort, et à juste titre, qu'une taxe poids lourd effondrerait son économie régionale est laissée sur la touche ? Rien la concerne dans les amendements. Rien à l'horizon. Les députés bretons épaulés des industriels ont du pain sur la planche et devront donc retourner au charbon. Le compteur est remis à zéro. Au final, nous sommes en droit de nous demander à quoi a servi tout ce remue-ménage ? Beaucoup de bruit pour rien ? Attendons la mise en place de la dite-taxe en 2011. Le texte doit passer d'ici quelques jours devant les sénateurs.


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